Chapitre 3

 

 

La nuit était passée, le jour s’était levé, et Néomi était toujours sur des charbons ardents. Car Élancourt était désormais occupé par des vampires. Des vrais.

Elle n’avait plus aucun doute là-dessus depuis qu’elle avait vu les frères disparaître et réapparaître ici et là tout en remettant la maison en état.

Et encore, ce n’était pas la nouvelle la plus surprenante de la nuit. Lorsque Conrad avait dit : « Une femelle… belle à mourir », était-il réellement possible qu’il ait parlé d’elle ?

Pour l’instant, elle ne pouvait qu’attendre avec impatience qu’il reprenne conscience. Alors seulement, elle aurait sa réponse.

Il était là où ses frères l’avaient laissé, allongé sur le matelas neuf qu’ils avaient apporté, les mains attachées dans le dos. Ils lui avaient retiré ses bottes, ainsi que les chaînes qui entravaient ses chevilles.

Sur son torse, les vilaines entailles ensanglantées s’étaient refermées en quelques heures. Elle flottait en position assise au-dessus de lui et se demandait combien de temps encore il allait rester inconscient. D’après ce qu’on racontait, tous les vampires devenaient comateux pendant la journée, mais les frères de Conrad n’arrêtaient pas de sortir, de rentrer, de monter dans les étages, de téléporter différentes affaires dans le manoir.

Cette attente était insupportable. Parce qu’il était possible que… Il est possible qu’il m’ait vue. Personne, jusque-là, ne l’avait vue. Et en plus, il l’avait trouvée belle. Peut-être qu’il n’était pas le genre d’homme à rechercher chez une femme un teint de rose et une mine épanouie… Elle avait bien le droit de rêver, non ?

Néomi ne cherchait pas nécessairement à faire connaître sa présence en ces lieux. Pour attirer l’attention, elle pouvait toujours faire flotter sur le toit un drap portant la mention « Bien l’bonjour du fantôme ! » tracée avec une bombe de peinture. Non, ce qu’elle désirait vraiment, c’était être vue. Pouvoir échanger avec un autre être lui manquait cruellement.

Du coup, temporairement du moins, les plans destinés à faire fuir les vampires n’étaient plus d’actualité, et la rancœur qu’elle avait éprouvée devant les dégâts infligés à sa maison s’était évanouie.

Désormais, elle tenait à avoir les quatre frères à proximité, en particulier Conrad.

Elle était rongée par la curiosité. Pourquoi, après quatre-vingts années d’occupants divers et variés, le vampire ensanglanté avait-il vu le fantôme d’Élancourt ? Pourquoi lui, et pas ses frères ? Alors qu’ils enchaînaient Conrad pour la journée, elle s’était époumonée, avait agité les bras, s’était même jetée sur eux. Sans aucun effet.

Si Conrad pouvait la voir, cela tenait-il au fait que lui seul avait les yeux rouges ?

Elle se leva, se mit à aller et venir dans la chambre bleue. Les frères ne s’étaient pas trompés en choisissant celle-ci pour Conrad : c’était la plus masculine de toutes les chambres d’amis. Le papier peint était un peu défraîchi mais encore très présentable, les lourdes tentures étaient bleu marine, et les quelques meubles qui restaient – la tête de lit, la table de nuit et le fauteuil devant la cheminée – étaient robustes, taillés dans un bois sombre.

Elle avait pensé qu’ils dormiraient dans des cercueils, mais ils avaient mis Conrad dans le lit. Elle avait aussi cru que la lumière du soleil, même indirecte, leur serait insupportable, les brûlerait, mais quelques rayons de soleil filtraient dans la pièce, puissants au point d’illuminer la poussière. Et lorsqu’un courant d’air écarta les rideaux, la lumière pénétra jusqu’aux pieds de Conrad.

Il se retourna au même moment, sur le dos, comme pour lui rappeler combien il était imposant. Sa carrure semblait faire toute la largeur du lit, et à la façon dont ses pieds dépassaient du matelas, on devinait qu’il mesurait près de deux mètres.

Elle s’approcha de lui, se pencha un peu pour le regarder de plus près. Il devait avoir une trentaine d’années, mais c’était difficile à dire, avec la boue et le sang séchés qui lui maculaient le visage. Déglutissant avec nervosité, elle se concentra et, par télékinésie, souleva sa lèvre supérieure, lui cognant le nez au passage.

Parmi ses dents parfaitement blanches, deux canines acérées ne laissaient aucun doute sur son appartenance à l’espèce vampire. Elle se serait crue dans un de ces films que les derniers occupants du manoir, un jeune couple, aimaient regarder.

Comment ces hommes étaient-ils devenus vampires ? Était-ce le résultat d’une transformation ? Etaient-ils nés ainsi ?

Soudain, en bas, retentit une puissante détonation. Néomi aurait bien voulu savoir ce que les autres vampires faisaient subir à sa maison, mais elle redoutait que Conrad ne se réveille pendant son absence.

Ils avaient déjà condamné avec des planches la plupart des fenêtres qui n’avaient pas de rideaux assez épais et installé des chaises pliantes, des matelas, des draps, et même un réfrigérateur dernier cri.

La plomberie avait été remise en état dans la suite principale. Un peu plus tôt, l’électricité était revenue si brusquement que l’ampoule et le plafonnier avaient explosé, provoquant une pluie de verre.

Néomi avait fait disparaître les éclats retombés sur le prisonnier – elle s’en félicita en le voyant s’agiter, tourner et se retourner, emmêlé dans les draps.

Lorsque sa chemise déchirée remonta de quelques centimètres, Néomi remarqua une fine cicatrice, juste au-dessus de la ceinture de son pantalon. De quelle longueur exactement ? D’un geste, elle fit remonter la chemise un peu plus haut encore. La cicatrice continuait. En se mordillant la lèvre, elle décida de déboutonner carrément la chemise.

La cicatrice allait jusqu’au cœur. On aurait dit qu’une lame de rasoir l’avait transpercé à la hauteur de l’estomac, avant de remonter d’un coup sec.

Néomi s’arrêta longuement sur cette marque, puis examina le torse dénudé de Conrad. Il avait une poitrine large, à la musculature puissante. Sa position, les bras dans le dos, faisait saillir chaque muscle abdominal. L’ensemble semblait dur comme du roc et évoquait une sculpture de dieu grec.

Et sa peau, était-elle douce ? Elle ne le saurait jamais…

La taille basse de son pantalon révélait une ligne de poils noirs et bouclés qui descendait de son nombril et semblait la mettre au défi de tirer le pantalon un peu plus bas encore. Mais elle se retint. Avec beaucoup de mal.

Les hommes qui avaient séduit Néomi par le passé étaient tous plus âgés, et d’une beauté délicate, cultivée. Le mâle qu’elle avait devant elle n’était qu’âpreté et rugosité.

Alors, pourquoi trouvait-elle ce corps balafré si séduisant ?

— Allez, réveille-toi, Conrad, lâcha-t-elle avec difficulté.

Parler était toujours une entreprise ardue pour elle. La plupart du temps, elle avait l’impression d’essayer de faire passer un son énorme à travers un trou d’épingle, et les mots, quand elle les prononçait, lui semblaient jaillir en une bouillie informe.

— Réveille-toi… Allez.

Elle avait envie de sauter sur le lit et de lui hurler dans les oreilles. Si elle avait eu un seau d’eau sous la main…

Les yeux de Conrad s’ouvrirent soudain.

 

Il revient à lui. La lumière est un supplice pour ses yeux sensibles. La douleur irradie dans son corps tout entier. Il serre les dents, pour tenir.

Libère-toi. Il lutte contre ses liens. Ses membres sont engourdis. Tu as été drogué. La fureur monte en lui ; le besoin de tuer l’étrangle comme deux mains autour de sa propre gorge.

Depuis combien de temps suis-je inconscient ? Il se souvient de l’endroit où il se trouve. Le manoir, aussi sinistre qu’il l’avait prédit. Lorsqu’il l’a aperçu de la voiture, sa seule vue lui a donné envie de se débattre.

Le sentiment d’être observé est particulièrement intense, ici. Sur sa nuque, le picotement est incessant.

Il se raidit. Il a vu… A-t-il vu une cascade de cheveux noirs brillants et une femme tournoyant dans la pièce ? Je ne fais plus la différence entre rêve et réalité. Avant qu’elle ne disparaisse, il a croisé, lui semble-t-il, un regard bleu écarquillé par la surprise.

Il a senti le parfum des roses et aperçu une épaule dénudée – fine, et d’une pâleur inhumaine. Pourtant, lui seul a réagi à sa présence.

Donc, elle n’était pas réelle.

Tout ce qu’il voit et que les autres ne voient pas est suspect. Elle n’est probablement que le fruit de son imagination, un reste de la mémoire d’un autre. Une de ses victimes l’aura eue pour épouse, pour maîtresse… ou pour victime.

Il tire un peu plus fort sur ses chaînes. Le métal ne devrait pas lui résister de la sorte. À moins que…

Les chaînes ont été ensorcelées.

Maudits soient ses frères ! Mais pourquoi l’avoir amené ici, bon sang ? Quelque chose cloche, dans cette maison ; une menace y plane. Il ignore laquelle. Peu importe. Tout ce que je sais, c’est qu’il faut que je me libère.

Soudain, le parfum des roses se répand autour de lui. Je ne suis pas seul dans cette pièce. Il ne voit rien, mais sent une présence. Est-ce la femelle qu’il a vue ? Mais a-t-il vraiment vu une femelle ? Il se met à transpirer.

Quelque chose se trouve près de lui, quelque chose qui s’approche tout doucement… Il est prêt à jurer qu’il sent un souffle contre son oreille. Il se tortille, découvre ses crocs en guise d’avertissement.

Le besoin de tuer monte en lui.

Plus près… plus près.

Au bord de son oreille, il entend une voix mal assurée. Il ne comprend pas les mots.

Mais il perçoit une attente, un désir. Il a le sentiment que sa tête va exploser. Il doit faire quelque chose.

— Quoi ? Quoi ?

Il ne sait pas. Il ne sait pas ce qu’il doit faire…

— Tuuuu me voooooooois ? demande la voix.

Il regarde d’un côté, de l’autre. Il ne voit rien.

Il se redresse brusquement et sent comme une décharge d’électricité statique.

 

Lorsque le corps de Conrad la traversa brusquement, Néomi poussa un cri et le sentit frissonner.

Il se leva en vacillant, visiblement en proie à une confusion croissante.

— Il y a quelqu’un dans cette pièce. Quelqu’un de réel ? demanda-t-il d’une voix plus rauque que la veille.

— Conrad, reste calme, dit-elle lentement.

Ses yeux se mirent à briller d’un rouge plus profond encore.

— Montre-toi.

Lui répondait-il vraiment ? Ou bien possédait-il simplement un don spécifique aux vampires qui lui permettait de sentir qu’il n’était pas seul ?

Avec un grognement, il se plaqua dos au mur, tout en tentant de se débarrasser de ses menottes. Enfin, il parvint à passer ses mains liées par-dessous ses pieds et les ramena devant lui. Visiblement impatient d’en découdre, il balaya la pièce du regard, à la recherche de l’ennemi, de la proie.

Néomi, de son côté, se promenait autour de lui.

Quand elle agita les mains devant son visage, il secoua violemment la tête. Intriguée, elle lui planta un index dans l’œil et passa à travers.

Il ne cilla même pas.

Elle recula, comme s’il la repoussait. Il ne me voit pas. La déception était rude.

Une femelle belle à mourir ? Ce n’était rien que les élucubrations d’un fou. Elle s’était emparée de ces mots, si absurdes fussent-ils, parce qu’elle était en proie au désespoir le plus total.

L’euphorie de la veille laissa place à une tristesse amère. Une dernière fois, elle agita la main devant son visage…

Il donna un brusque coup de dents. Un piège à ours n’aurait pas claqué plus violemment. Elle s’écarta en lâchant un cri de surprise et le repoussa des deux mains. Projeté comme un boulet de canon, il tomba à la renverse dans le vieux fauteuil, devant la cheminée. Le fauteuil, à son tour, s’en alla cogner contre le mur opposé et, sous le choc, se brisa. Un nuage de poussière, d’éclats de bois, de rembourrage et de morceaux de plâtre envahit la pièce.

Tout en se démenant pour se sortir de cette pagaille, il hurla dans une langue inconnue ce qui n’était assurément qu’un chapelet d’injures. Pourtant, il semblait apprécier la violence ou, du moins, y être habitué.

— Conrad… attends ! parvint-elle à articuler.

Mais où sont ses frères, avec leurs seringues ?

Les trois hommes allaient et venaient, mais ne s’absentaient jamais très longtemps.

Debout, Conrad entreprit de détruire tout ce qui l’entourait, tapant sur les murs, défonçant les cloisons de plâtre déjà fragiles.

— Arrête d’abîmer ma maison !

Il continua, s’empara du tisonnier et le lança avec une telle force que ce dernier resta planté dans le mur de brique, au fond de l’âtre, et vibra longtemps. Lorsque Conrad posa son regard enflammé par la folie sur l’inoffensive table de nuit, elle lâcha :

— Ça suffit, maintenant. Ne t’approche pas de ça.

Conrad se jeta sur le petit meuble. Sans réfléchir, elle l’envoya contre le plafond. Il ferma les yeux, les rouvrit, fixant le sol d’un regard stupéfait.

Puis il lutta contre l’emprise de Néomi. Il était fort, et elle comprit très vite qu’elle allait devoir le lâcher plus tôt qu’elle ne l’avait prévu. Il tomba à plat ventre, le nez dans la poussière. Lorsqu’il se redressa, une entaille sur son front saignait abondamment, dans ses yeux et le long de son nez.

Mince ! Elle n’avait pas voulu lui faire mal !

— Mon Dieu, je suis désolée !

— Conrad ! lança Nikolaï d’en bas.

Une demi-seconde plus tard, il apparut dans l’encadrement de la porte et balaya la scène d’un regard incrédule.

— Mais qu’est-ce que tu…

Il n’eut pas le loisir de terminer sa phrase. De ses deux bras serrés l’un contre l’autre, Conrad lui donna un coup d’une violence extrême. Nikolaï fut projeté hors de la pièce, par-dessus la balustrade du palier, et atterrit dans le hall d’entrée.

Conrad se rua dehors, suivi d’une Néomi ébahie.

Il se déplaçait toujours avec une rapidité surhumaine, mais elle crut noter qu’il allait un peu moins vite que la veille. Ses frères avaient réussi à l’affaiblir.

Comme Nikolaï se relevait en titubant, Sebastian apparut dans l’escalier, mais Conrad bondit par-dessus la rampe et sauta jusqu’en bas. Lorsqu’il se tourna vers la porte d’entrée, Murdoch lui barrait le passage.

— Conrad ! hurla Nikolaï. Tu ne peux pas sortir d’ici, c’est impossible ! Le soleil, bordel !

Qu’arriverait-il à Conrad s’il s’exposait directement à la lumière du jour ? Elle poussa un cri lorsqu’il se rua sur Murdoch, l’envoyant cogner contre les battants en acajou. L’un d’eux fut arraché de ses gonds et s’abattit avec les vampires sur le perron.

Prudent, Murdoch battit en retraite. Conrad, lui, continua. Devait-elle tenter de l’arrêter ?

Nikolaï fit mine de s’élancer derrière lui, mais Sebastian l’en empêcha.

— Il n’ira pas loin.

Néomi se tenait à côté des frères. Par habitude, elle mit une main en visière au-dessus de ses yeux tandis qu’ils regardaient tous les quatre Conrad courir dans l’allée. Je ne voulais pas le lâcher comme ça. Il a dû se demander ce qui lui arrivait.

— Il va brûler, dit Nikolaï d’un ton particulièrement inquiet.

Imitant Néomi, Murdoch leva une main pour se protéger les yeux.

— Ça lui apprendra.

 

Le soleil sur ses yeux est pire que de l’acide. Ne renonce pas. Le bayou est juste en bas de l’allée, de l’autre côté de la route. Il sent le relent des eaux sombres et immobiles.

Sa peau commence à brûler. Il serre les dents, tente d’ignorer la douleur.

Le bayou est de l’autre côté de la route. Il peut y arriver. Et une fois à l’ombre, il survivra. La sensation de brûlure devient insupportable.

Il approche des limites de la propriété. S’éloigne un peu plus de cette chose, quelle qu’elle soit, qui semble décidée à le tourmenter. Un être qu’il ne peut pas voir, qu’il ne peut pas combattre. Qui n’a pas de gorge à trancher, mais dont il a entendu la voix désincarnée résonner tout autour de lui.

J’y suis presque… Je brûle… je brûle…

Soudain, il ne voit plus rien. Une force le fait tomber en arrière, sur les fesses. Lorsque sa vision revient, il n’arrive pas à y croire. Autour de lui, des murs bleus. Il hurle son incompréhension. Il est complètement perdu.

La même chambre ! Il est… dans la putain de même chambre !

Accroupi, il se tape la tête contre le mur, encore et encore, jusqu’à ce que l’aiguille se plante dans son bras.

Ame Damnée
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